Après la mort de Moïse, son concept sublime de Yahweh dégénéra rapidement ; Josué et les dirigeants d’Israël conservèrent les traditions mosaïques du Dieu infiniment sage, bienveillant et tout-puissant, mais le commun du peuple revint bientôt à l’ancienne idée de Yahweh, qu’il s’était faite dans le désert. Ce retour en arrière du concept de la Déité s’accéléra sous le règne successif des divers cheikhs tribaux dits les Juges.
L’attrait de l’extraordinaire personnalité de Moïse avait gardé vivante dans le cœur de ses partisans l’inspiration d’un concept de plus en plus vaste de Dieu ; mais, une fois qu’ils atteignirent les terres fertiles de Palestine, ces bergers nomades se transformèrent rapidement en fermiers établis et assez calmes. Cette évolution des pratiques de la vie et ce changement du point de vue religieux exigèrent une transformation plus ou moins complète du caractère qu’ils attribuaient à la nature de leur Dieu Yahweh. À l’époque où l’austère, rudimentaire, exigeant et orageux dieu du désert du Sinaï commença la transmutation qui devait en faire plus tard un Dieu d’amour, de justice et de miséricorde, les Hébreux perdirent presque complètement de vue les sublimes enseignements de Moïse. Ils furent tout près de perdre la conception du monothéisme et leur chance de devenir le peuple qui devait servir de chainon essentiel dans l’évolution spirituelle d’Urantia, le groupe qui conserverait l’enseignement de Melchizédek sur un Dieu unique jusqu’à l’époque de l’incarnation d’un Fils d’effusion de ce Père de tout et de tous.
Josué chercha désespérément à maintenir, dans le mental des hommes des tribus, le concept d’un Yahweh suprême qui faisait proclamer : « Comme j’ai été avec Moïse, ainsi je serai avec vous ; je ne vous ferai pas défaut et je ne vous abandonnerai pas. » Josué trouva nécessaire de prêcher un évangile sévère à son peuple incrédule, bien trop disposé à croire à son ancienne religion indigène, mais peu désireux de progresser dans une religion de foi et de droiture. La substance imposée par l’enseignement de Josué devint : « Yahweh est un Dieu saint ; il est un Dieu jaloux ; il ne pardonnera ni vos transgressions ni vos péchés. » Le concept le plus élevé de cette époque décrivait Yahweh comme un « Dieu de puissance, de jugement et de justice ».
Mais, même au cours de cet âge de ténèbres, des éducateurs solitaires apparaissaient de temps en temps et proclamaient le concept mosaïque de la divinité : « Vous, enfants pervers, ne pouvez servir le Seigneur, car il est un Dieu saint. » « L’homme mortel sera-t-il plus juste que Dieu ? Un homme sera-t-il plus pur que son Créateur ? » « Pouvez-vous trouver Dieu en le cherchant ? Pouvez-vous découvrir parfaitement le Tout-Puissant ? Voici, Dieu est grand, et nous ne le connaissons pas. Et le Tout-Puissant, nous ne pouvons le découvrir. »