Ce fut une époque où certains proclamaient des menaces de punition pour les péchés personnels et les crimes nationaux des clans du Nord, tandis que d’autres prédisaient des calamités en châtiment des transgressions du royaume du Sud. Ce fut dans le sillage de ce réveil de conscience et de prise de conscience des deux nations hébraïques que le premier Isaïe fit son apparition.
Isaïe continua à prêcher la nature éternelle de Dieu, sa sagesse infinie, la perfection immuable avec laquelle on pouvait compter sur lui. Il représenta le Dieu d’Israël comme disant : « J’ajusterai exactement le jugement au cordeau et j’alignerai la droiture sur le fil à plomb. » « Le Seigneur vous reposera de vos chagrins, de vos peurs et de la dure servitude où l’homme a été amené à servir. » « Vos oreilles entendront une parole prononcée derrière vous et disant : ‘voici le chemin, marchez-y.’ » « Voici, Dieu est mon salut ; j’aurai confiance et ne serai pas effrayé, car le Seigneur est ma force et mon chant. » « Venez maintenant à moi et raisonnons ensemble, dit le Seigneur : ‘si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme le cramoisi, ils seront comme la laine.’ »
Parlant aux âmes affamées des Hébreux tourmentés par la peur, ce prophète dit : « Lève-toi et resplendis, car ta lumière est venue et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. » « L’esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint pour apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires ; il m’a envoyé pour panser ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer la liberté aux captifs, et l’ouverture de la prison à ceux qui sont enchainés. » « Je me réjouirai grandement dans le Seigneur, mon âme sera joyeuse en mon Dieu, car il m’a revêtu des vêtements du salut et m’a recouvert de sa robe de droiture. » « Dans toutes leurs afflictions, il a été affligé, et l’ange de sa présence les a sauvés. Dans son amour et sa pitié, il les a rachetés. »
Cet Isaïe fut suivi de Michée et d’Abdias, qui confirmèrent et embellirent son évangile satisfaisant l’âme. Ces deux vaillants messagers dénoncèrent audacieusement le rituel pratiqué par les Hébreux sous l’empire des prêtres et attaquèrent avec intrépidité tout le système sacrificiel.
Michée critiqua « les chefs qui jugent pour des présents, les prêtres qui enseignent pour un salaire et les prophètes qui devinent pour de l’argent. » Il enseigna la venue d’un jour où l’on serait libéré des superstitions et de l’artifice de la prêtrise, en disant : « Chaque homme se reposera sous sa propre vigne et nul ne l’effrayera, car chacun vivra selon sa compréhension de Dieu. »
La substance du message de Michée fut toujours : « Viendrai-je devant Dieu avec des holocaustes ? Le Seigneur voudra-t-il agréer mille béliers ou dix-mille torrents d’huile ? Donnerai-je mon premier-né pour ma transgression, le fruit de mon corps pour le péché de mon âme ? Il m’a montré, ô homme, ce qui est bon. Et que réclame le Seigneur de ta part sinon que tu agisses avec justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu. » Ce fut en vérité une grande époque ; ce furent vraiment des temps passionnants au cours desquels les mortels entendirent, et certains allèrent même jusqu’à croire, ces messages émancipateurs d’il y a plus de deux-mille-cinq-cents ans. Sans la résistance obstinée des prêtres, ces éducateurs auraient aboli tout le cérémonial sanguinaire du rituel du culte hébreu.