Les religions d’Urantia au vingtième siècle offrent un tableau intéressant de l’évolution sociale de la tendance humaine à l’adoration. Bien des croyances ont très peu progressé depuis l’époque du culte des fantômes. En tant que groupe, les Pygmées d’Afrique n’ont pas de réactions religieuses, bien que certains d’entre eux croient un peu à un environnement d’esprits. Ils sont exactement aujourd’hui au point où se trouvaient les hommes primitifs au début de l’évolution de la religion. La croyance fondamentale de la religion primitive était la survie après la mort. L’idée d’adorer un Dieu personnel dénote un développement évolutionnaire avancé, et même le premier stade de la révélation. Les Dyaks n’ont institué que les pratiques religieuses les plus primitives. Les Esquimaux et les Amérindiens n’avaient encore, assez récemment, que de très pauvres concepts de Dieu ; ils croyaient aux fantômes et avaient une vague idée d’une sorte de survie après la mort. Les aborigènes australiens d’aujourd’hui éprouvent seulement la peur des fantômes, la crainte de l’obscurité et une vénération rudimentaire des ancêtres. Les Zoulous sont juste en train d’élaborer une religion de sacrifices et de peur des fantômes. De nombreuses tribus africaines n’ont pas encore dépassé le stade fétichiste de l’évolution religieuse, sauf quand elles ont subi l’influence des missionnaires chrétiens et musulmans. Toutefois, quelques groupes se sont attachés depuis longtemps à l’idée du monothéisme, tels les Thraces de jadis qui croyaient aussi à l’immortalité.
Sur Urantia, la religion évolutionnaire et la religion révélée progressent côte à côte, tout en se mélangeant et en fusionnant dans les divers systèmes théologiques que l’on rencontrait dans le monde à l’époque de la rédaction des présents fascicules. Ces religions, celles du vingtième siècle d’Urantia, peuvent être énumérées comme suit :
1. L’hindouisme – la plus ancienne.
2. La religion hébraïque.
3. Le bouddhisme.
4. Les enseignements de Confucius.
5. Les croyances taoïstes.
6. Le zoroastrisme.
7. Le shinto.
8. Le jaïnisme.
9. Le christianisme.
10. L’islam.
11. Le sikhisme – la plus récente.
Les religions les plus évoluées de l’antiquité étaient le judaïsme et l’hindouisme, et les deux ont respectivement exercé une grande influence sur le cours du développement religieux en Occident et en Orient. Les Hindous et les Hébreux croyaient tous deux que leur religion était inspirée et révélée, et que toutes les autres étaient des formes décadentes de l’unique foi véritable.
L’Inde est divisée entre les religions hindoue, sikh, musulmane et jaïn, dont chacune décrit Dieu, l’homme et l’univers selon ses propres conceptions. La Chine suit les enseignements du Tao et de Confucius. Le shinto est révéré au Japon.
Les grandes croyances internationales, interraciales, sont la foi hébraïque, la foi bouddhique, la foi chrétienne et la foi islamique. Le bouddhisme s’étend depuis Ceylan et la Birmanie à travers le Tibet et la Chine jusqu’au Japon. Il a montré, par rapport aux mœurs de nombreux peuples, une faculté d’adaptation que le christianisme a été seul à égaler.
La religion hébraïque englobe la transition philosophique entre le polythéisme et le monothéisme ; elle est un chainon évolutionnaire entre les religions d’évolution et les religions de révélation. Les Hébreux furent le seul peuple occidental à suivre l’évolution de leurs dieux primitifs jusqu’au bout, jusqu’au Dieu de la révélation, mais cette vérité ne fut jamais franchement acceptée avant l’époque d’Isaïe, qui enseigna de nouveau l’idée mixte d’une déité raciale conjuguée avec un Créateur Universel : « Ô Seigneur des Armées, Dieu d’Israël, tu es Dieu, et il n’y en a point d’autre ; tu as créé le ciel et la terre. » À un moment donné, l’espoir de survie de la civilisation occidentale résida dans les sublimes concepts hébraïques de la bonté et dans les concepts grecs avancés de la beauté.
La religion chrétienne est la religion qui traite de la vie et des enseignements du Christ ; elle est basée sur la théologie du judaïsme, modifiée par l’assimilation de certains enseignements de Zoroastre et de la philosophie grecque, et formulée principalement par trois personnalités : Philon, Pierre et Paul. Elle a passé par de nombreuses phases d’évolution depuis Paul, et elle s’est si complètement occidentalisée que beaucoup de peuples non européens considèrent tout naturellement le christianisme comme l’étrange révélation d’un étrange Dieu, et comme destiné à des étrangers.
L’islam est le lien religio-culturel entre l’Afrique du Nord, le Levant et l’Asie du Sud-Est. Ce fut la théologie juive, en liaison avec les enseignements chrétiens ultérieurs, qui rendit l’islam monothéiste. Les disciples de Mahomet trébuchèrent sur les enseignements avancés de la Trinité ; ils ne pouvaient comprendre la doctrine de trois personnalités divines et d’une seule Déité. Il est toujours difficile d’amener le mental évolutionnaire à accepter soudainement une vérité supérieure révélée. L’homme est une créature évolutionnaire et, dans l’ensemble, il faut qu’il acquière sa religion par des techniques évolutionnaires.
Le culte des ancêtres constitua, à une époque donnée, un progrès incontestable dans l’évolution religieuse, mais il est à la fois étonnant et regrettable que ce concept primitif persiste en Chine, au Japon et aux Indes parmi tant d’idées relativement plus avancées telles que le bouddhisme et l’hindouisme. En Occident, le culte des ancêtres devint la vénération des dieux nationaux et le respect pour les héros de la race. Au vingtième siècle, cette religion nationaliste de vénération des héros fait son apparition dans les divers laïcismes radicaux et nationalistes qui caractérisent beaucoup de races et de nations occidentales. Cette attitude se retrouve aussi en grande partie dans les grandes universités et les importantes communautés industrielles des peuples de langue anglaise. L’idée que la religion n’est que « la recherche en commun d’une vie bien vécue » ne diffère pas beaucoup de ces concepts. Les « religions nationales » ne sont rien de plus qu’un retour à l’adoration primitive de l’empereur chez les Romains, et au shinto – l’adoration de l’État dans la famille impériale japonaise.