Bien que nous relations ici l’origine, la nature et les fonctions des créatures médianes d’Urantia, la parenté entre les deux ordres – primaire et secondaire – rend nécessaire d’interrompre l’histoire des médians primaires afin de suivre la descendance des membres rebelles de l’état-major corporel du Prince Caligastia depuis la rébellion planétaire jusqu’à l’époque d’Adam. Ce fut cette lignée héréditaire qui, aux premiers temps du second jardin, fournit la moitié des ancêtres de l’ordre secondaire des créatures médianes.
Les membres corporels de l’état-major du Prince avaient été matérialisés sous forme de créatures sexuées en vue de participer au plan de procréation d’une descendance incorporant les qualités conjuguées de leur ordre spécial, unies à celles des souches sélectionnées des tribus d’Andon ; tout ceci était destiné à anticiper sur l’apparition ultérieure d’Adam. Les Porteurs de Vie avaient projeté la naissance d’un nouveau type de mortels englobant l’union des descendants conjoints de l’état-major du Prince avec la première génération des enfants d’Adam et d’Ève. Ils avaient donc mis sur pied un plan envisageant un nouvel ordre de créatures planétaires, dont ils espéraient qu’elles seraient les dirigeants-instructeurs de la société humaine. Ces êtres étaient destinés à la souveraineté sociale, et non à la souveraineté civile. Mais, puisque ce projet avorta à peu près complètement, nous ne connaitrons jamais de quelle aristocratie de dirigeants bienveillants, ni de quelle culture incomparable Urantia fut privée. En effet, lorsque les membres de l’état-major corporel se reproduisirent ultérieurement, ce fut à la suite de la rébellion et après qu’ils eurent été privés de leur liaison avec les courants vitaux du système.
L’ère postérieure à la rébellion sur Urantia vit se produire bien des évènements inhabituels. Une grande civilisation – la culture de Dalamatia – se disloquait. « Les Nephilims (Nodites) étaient sur la terre en ces temps-là et, lorsque ces fils des dieux allèrent vers les filles des hommes et qu’elles conçurent d’eux, leurs enfants furent les puissants hommes de jadis, les hommes de renom. » Bien qu’ils ne fussent guère « fils des dieux », les membres de l’état-major et leurs premiers descendants étaient considérés comme tels par les mortels évolutionnaires de ces temps lointains ; la tradition en vint même à magnifier leur stature. Telle est donc l’origine du conte folklorique à peu près universel des dieux qui descendirent sur terre et s’y allièrent avec les filles des hommes pour engendrer une ancienne race de héros. Toute cette légende devint encore plus confuse avec les mélanges raciaux des Adamites qui naquirent ultérieurement dans le second jardin.
Les cent membres corporels de l’état-major du Prince portaient le plasma germinatif des lignées humaines andoniques. S’ils s’engageaient dans la reproduction sexuée, on pouvait donc naturellement s’attendre à ce que leur progéniture ressemblât tout à fait à celle d’autres parents andonites. Mais, quand les soixante rebelles de l’état-major, les partisans de Nod, s’adonnèrent effectivement à la reproduction sexuée, leurs enfants se révélèrent de loin supérieurs, dans presque tous les domaines, aux peuplades andonites aussi bien qu’aux peuplades sangiks. Cette excellence inattendue ne concernait pas seulement leurs qualités physiques et intellectuelles, mais aussi leurs capacités spirituelles.
Ces caractères mutants apparus dans la première génération nodite résultaient de certains changements opérés dans la configuration et les constituants chimiques des facteurs héréditaires du plasma germinatif andonique. Ces modifications furent causées par la présence, dans le corps des membres de l’état-major, des puissants circuits d’entretien de la vie du système de Satania. Ces circuits vitaux amenèrent les chromosomes du modèle spécialisé d’Urantia à se rapprocher davantage de la spécialisation normalisée pour Satania des manifestations vitales fixées pour Nébadon. La technique de cette métamorphose du plasma germinatif, par l’action des courants vitaux systémiques, présente certaines analogies avec les procédés par lesquels les savants d’Urantia modifient le plasma germinatif des plantes et des animaux par l’emploi des rayons X.
C’est ainsi que les peuples nodites naquirent de certaines modifications particulières et inattendues se produisant dans le plasma vital que les chirurgiens d’Avalon avaient transféré des corps des contributeurs andonites à ceux des membres de l’état-major corporel.
On se rappelle que les cent Andonites ayant contribué à fournir ce plasma germinatif furent, à leur tour, mis en possession du complément organique de l’arbre de vie, de sorte que les courants vitaux de Satania se répandirent également dans leur corps. Les quarante-quatre Andonites modifiés qui suivirent l’état-major dans la rébellion s’unirent aussi entre eux et apportèrent une grande contribution aux meilleures souches des peuplades nodites.
Ces deux groupes, embrassant 104 individus porteurs de plasma germinatif andonite modifié, constituent les ancêtres des Nodites, la huitième race apparue sur Urantia. Cette nouvelle caractéristique de la vie humaine sur Urantia représente une autre phase de l’exécution du plan originel consistant à utiliser cette planète comme monde à vie modifiée, mais il s’agissait d’un développement inattendu de ce plan.
Les Nodites de sang pur étaient une race magnifique, mais ils se mêlèrent graduellement aux peuples évolutionnaires de la terre, de sorte qu’une grande dégénérescence ne tarda pas à se produire. Dix-mille ans après la rébellion, ils avaient rétrogradé au point que la durée moyenne de leur vie ne dépassait guère celle des races évolutionnaires.
Quand les archéologues déterrent les tablettes d’argile relatant l’histoire des plus tardifs Sumériens descendant des Nodites, ils découvrent des listes de rois sumériens remontant à plusieurs millénaires. À mesure que ces archives remontent plus loin dans le passé, la durée du règne des rois antérieurs s’accroit de vingt-cinq ou trente ans jusqu’à cent-cinquante ans et davantage. Cet allongement de la durée du règne des anciens rois signifie que certains des premiers chefs nodites (descendants immédiats des membres de l’état-major du Prince) vivaient effectivement plus longtemps que leurs successeurs. Les tablettes dénotent aussi un effort pour faire remonter les dynasties jusqu’à l’époque de Dalamatia.
Les longévités relatées dans les annales de ces personnages sont dues également à une confusion entre les mois et les années comme unités de temps. On peut faire la même remarque dans la généalogie biblique d’Abraham et dans les archives primitives des Chinois. La confusion entre le mois, ou période de 28 jours, et l’année de plus de 350 jours introduite plus tard est responsable de la tradition de ces longues vies humaines. On cite le cas d’un homme qui vécut plus de neuf-cents « ans ». Cette durée ne représente pas tout à fait soixante-dix de nos années ; pendant des âges, elle fut considérée comme très longue, et désignée plus tard par « trois vingtaines et dix ».
Le calcul du temps par mois de vingt-huit jours persista bien après l’époque d’Adam. Mais, quand les Égyptiens entreprirent de réformer le calendrier, il y a environ sept-mille ans, ils le firent avec une grande précision et introduisirent l’année de 365 jours.