Quand ils eurent fini de déjeuner, et tandis que les autres restaient assis près du feu, Jésus fit signe à Pierre et à Jean de l’accompagner dans une promenade sur la grève. Au cours de leur marche, Jésus dit à Jean : « Jean, m’aimes-tu ? » Et, lorsque Jean eut répondu : « Oui, Maitre, de tout mon cœur », le Maitre dit : « Alors, Jean, renonce à ton intolérance et apprends à aimer les hommes comme je t’ai aimé. Consacre ta vie à prouver que l’amour est la plus grande chose du monde. C’est l’amour de Dieu qui pousse les hommes à chercher le salut. L’amour est l’ancêtre de toute bonté spirituelle, il est l’essence du vrai et du beau. »
Jésus se tourna ensuite vers Pierre et lui demanda : « Pierre, m’aimes-tu ? » Pierre répondit : « Seigneur, tu sais que je t’aime de toute mon âme. » Alors, Jésus dit : « Si tu m’aimes, Pierre, nourris mes agneaux. Ne néglige pas ton ministère auprès des faibles, des pauvres et des jeunes. Prêche l’évangile sans crainte ni préférence ; n’oublie jamais que Dieu ne fait pas acception de personnes. Sers tes semblables comme je t’ai servi, pardonne à tes compagnons mortels comme je t’ai pardonné. Laisse l’expérience t’enseigner la valeur de la méditation et le pouvoir de la réflexion intelligente. »
Après qu’ils eurent marché encore un peu plus loin, le Maitre se tourna vers Pierre et demanda : « Pierre, m’aimes-tu réellement ? » Et Simon dit alors : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Et Jésus dit de nouveau : « Alors, prends bien soin de mes brebis. Sois un bon et fidèle berger pour le troupeau. Ne trahis pas sa confiance en toi. Ne te laisse pas surprendre par l’ennemi. Reste tout le temps sur tes gardes – veille et prie. »
Après qu’ils eurent encore fait quelques pas, Jésus se tourna vers Pierre et lui demanda pour la troisième fois : « Pierre, m’aimes-tu vraiment ? » Alors, Pierre, légèrement attristé du manque apparent de confiance du Maitre envers lui, dit avec une profonde émotion : « Seigneur, tu connais toutes choses ; tu sais donc que je t’aime réellement et vraiment. » Alors, Jésus lui dit : « Nourris mes brebis. N’abandonne pas le troupeau. Sers d’exemple et d’inspiration à tous tes compagnons bergers. Aime le troupeau comme je t’ai aimé, et consacre-toi à son bien-être comme j’ai consacré ma vie à ton bien-être. Et suis-moi même jusqu’à la fin. »
Pierre interpréta littéralement cette dernière recommandation – qu’il devait continuer à suivre Jésus. Se tournant vers lui, il montra Jean du doigt et demanda : « Si je te suis, que fera celui-là ? » Percevant que Pierre avait mal compris ses paroles, Jésus dit : « Pierre, ne t’occupe pas de ce que feront tes frères. Si je veux que Jean reste après que tu seras parti, et même jusqu’à ce que je revienne, en quoi cela te concerne-t-il ? Assure-toi seulement que tu me suis. »
Cette remarque se répandit parmi les frères et fut reçue comme une affirmation de Jésus que Jean ne mourrait pas avant que le Maitre ne revienne établir le royaume en puissance et en gloire, comme beaucoup le pensaient et l’espéraient. Et ce fut cette interprétation des paroles de Jésus qui joua un grand rôle pour ramener Simon Zélotès au service et pour le maintenir à l’œuvre.
Après être revenu vers les autres apôtres, Jésus repartit pour une promenade et une causerie avec André et Jacques. Lorsqu’ils eurent parcouru une petite distance, Jésus dit à André : « André, as-tu confiance en moi ? » Quand l’ancien chef des apôtres entendit Jésus lui poser une telle question, il s’arrêta et répondit : « Oui, Maitre, j’ai en toi une confiance totale, et tu le sais. » Alors, Jésus dit : « André, si tu as confiance en moi, aie plus de confiance en tes frères – même en Pierre. Je t’ai confié autrefois leur direction. Il faut maintenant que tu fasses confiance aux autres, tandis que je vous quitte pour aller auprès du Père. Quand tes frères commenceront à se disperser à cause de l’acharnement des persécutions, sois un conseiller sage et prévenant pour Jacques, mon frère par le sang, lorsqu’on le chargera de lourds fardeaux que son expérience ne lui permet pas de porter. Ensuite, continue à avoir confiance, car je ne te ferai pas défaut. Quand tu en auras fini sur terre, tu viendras auprès de moi. »
Puis Jésus se tourna vers Jacques en lui demandant : « Jacques, as-tu confiance en moi ? » Bien entendu, Jacques lui répondit : « Oui, Maitre, j’ai confiance en toi de tout mon cœur. » Alors, Jésus lui dit : « Jacques, si tu as plus confiance en moi, tu seras moins impatient avec tes frères. Si tu veux avoir confiance en moi, cela t’aidera à être bon pour la fraternité des croyants. Apprends à peser les conséquences de tes paroles et de tes actes. Rappelle-toi que la récolte est conforme à la semence. Prie pour la tranquillité d’esprit et cultive la patience. Avec la foi vivante, ces grâces te soutiendront quand viendra l’heure de boire la coupe du sacrifice. Mais n’aie jamais de crainte ; quand tu en auras fini sur terre, tu viendras aussi demeurer près de moi. »
Jésus parla ensuite à Thomas et à Nathanael. Il dit au premier : « Thomas, me sers-tu ? » Thomas répondit : « Oui, Seigneur, je te sers maintenant et toujours. » Alors, Jésus dit : « Si tu veux me servir, sers mes frères dans la chair comme je t’ai servi. Ne te lasse pas de ce bien-agir, mais persévère comme ayant reçu l’ordination de Dieu pour ce service d’amour. Quand tu auras achevé ton service avec moi sur terre, tu serviras avec moi en gloire. Thomas, il faut que tu cesses de douter, et que tu accroisses ta foi et ta connaissance de la vérité. Crois en Dieu comme un enfant, mais cesse d’agir d’une manière aussi infantile. Aie du courage ; sois fort dans la foi et puissant dans le royaume de Dieu. »
Ensuite le Maitre dit à Nathanael : « Nathanael, me sers-tu ? » Et l’apôtre répondit : « Oui, Maitre, et avec une affection sans partage. » Alors, Jésus dit : « Si donc tu me sers de tout ton cœur, assure-toi que tu te consacres au bien-être de mes frères terrestres avec une affection infatigable. Mêle l’amitié à tes conseils et ajoute l’amour à ta philosophie. Sers tes contemporains comme je vous ai servis, sois fidèle aux hommes, comme moi j’ai veillé sur vous. Sois moins critique ; espère moins de certains hommes et diminue ainsi l’étendue de tes déceptions. Quand tu auras fini l’œuvre ici-bas, tu serviras au ciel avec moi. »
Après cela, le Maitre s’entretint avec Philippe et Matthieu. Il dit au premier : « Philippe, m’obéis-tu ? » Philippe répondit : « Oui, Seigneur, je t’obéirai même au prix de ma vie. » Alors, Jésus lui dit : « Si tu veux m’obéir, va dans les pays des Gentils et proclame l’évangile. Les prophètes t’ont dit qu’il valait mieux obéir que sacrifier. Par la foi, tu es devenu un fils du royaume connaissant Dieu. Il n’y a qu’une seule loi à observer – c’est le commandement d’aller proclamer l’évangile du royaume. Cesse de craindre les hommes ; n’aie pas peur de prêcher la bonne nouvelle de la vie éternelle à tes semblables qui languissent dans les ténèbres et ont soif de la lumière de vérité. Philippe, tu ne t’occuperas plus d’argent et de marchandises. Tu es désormais, exactement comme tes frères, libre de prêcher la bonne nouvelle. Je te précèderai et je t’accompagnerai même jusqu’à la fin. »
Puis le Maitre s’adressa à Matthieu et lui demanda : « Matthieu, as-tu à cœur de m’obéir ? » Matthieu répondit : « Oui, Seigneur, je suis entièrement consacré à faire ta volonté. » Alors, le Maitre lui dit : « Matthieu, si tu veux m’obéir, va enseigner à tous les peuples l’évangile du royaume. Tu ne procureras plus à tes frères les choses matérielles de la vie ; désormais, tu iras aussi proclamer la bonne nouvelle du salut spirituel. À partir de maintenant, n’aie plus en vue que d’exécuter le commandement de prêcher cet évangile du royaume du Père. De même que j’ai fait sur terre la volonté du Père, de même tu accompliras la mission divine. Rappelle-toi que Juifs et Gentils sont tous deux tes frères. Ne crains aucun homme quand tu proclameras les vérités salvatrices de l’évangile du royaume des cieux. Et là où je vais, tu viendras bientôt. »
Enfin, il fit une promenade et eut un entretien avec Jacques et Judas, les jumeaux Alphée. Il s’adressa aux deux ensemble et leur demanda : « Jacques et Judas, croyez-vous en moi ? » Et, après qu’ils eurent tous deux répondu « Oui, Maitre, nous croyons », Jésus dit : « Je vais bientôt vous quitter. Vous voyez que je vous ai déjà quittés dans la chair. Je ne demeurerai que peu de temps dans ma forme actuelle avant d’aller auprès de mon Père. Vous croyez en moi – vous êtes mes apôtres, et vous le serez toujours. Continuez à croire quand je serai parti et à vous rappeler votre association avec moi après que vous serez peut-être retournés au travail dont vous aviez l’habitude avant de venir vivre avec moi. Ne laissez jamais un changement dans votre travail extérieur influer sur votre loyauté. Ayez foi en Dieu jusqu’à la fin de vos jours terrestres. N’oubliez jamais que, quand vous êtes des fils de Dieu par la foi, tout travail honnête du royaume est sacré. Rien de ce que fait un fils de Dieu ne peut être ordinaire. Donc, faites désormais votre travail comme s’il était pour Dieu. Quand vous en aurez fini sur ce monde, j’ai d’autres mondes meilleurs où vous travaillerez aussi pour moi. Dans toute cette œuvre, sur ce monde et sur d’autres, j’œuvrerai avec vous et mon esprit demeurera en vous. »
Il était près de dix heures quand Jésus revint de son entretien avec les jumeaux Alphée. En quittant les apôtres, il leur dit : « Au revoir, jusqu’à ce que je vous revoie tous demain, à midi, sur le mont de votre ordination. » Après avoir ainsi parlé, il disparut de leur vue.