Jésus fut baptisé à l’apogée de la prédication de Jean, alors que la Palestine était enflammée d’espoir par le message – « le royaume de Dieu est à portée de la main » – et alors que le monde juif était engagé dans un sérieux et solennel examen de conscience. Le sens juif de solidarité raciale était très profond. Non seulement les Juifs croyaient que le péché d’un père pouvait affecter ses enfants, mais aussi ils croyaient fermement que le péché d’un individu pouvait faire maudire sa nation. En conséquence, ceux qui se soumettaient au baptême de Jean ne se considéraient pas tous comme coupables des péchés spécifiques dénoncés par Jean. Nombre d’âmes pieuses furent baptisées par Jean pour le bien d’Israël ; elles craignaient qu’un péché d’ignorance de leur part ne retardât la venue du Messie. Elles se sentaient appartenir à une nation coupable et maudite par le péché, et se présentaient au baptême afin de manifester, par cet acte, les fruits d’une pénitence raciale. Il est donc évident que Jésus ne reçut le baptême de Jean en aucune manière comme un rite de repentance ou pour la rémission des péchés. En acceptant le baptême des mains de Jean, Jésus ne faisait que suivre l’exemple de nombreux Israélites pieux.
Lorsque Jésus de Nazareth descendit dans le Jourdain pour être baptisé, il était un mortel du royaume ayant atteint le pinacle de l’ascension évolutionnaire humaine pour tout ce qui concernait la conquête du mental et l’identification de soi avec l’esprit. Il se tenait, ce jour-là, dans le Jourdain comme un homme accompli des mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Un parfait synchronisme et une pleine communication s’étaient établis entre le mental humain de Jésus et son Ajusteur esprit intérieur, le don divin de son Père du Paradis. Depuis l’ascension de Micaël à la souveraineté de son univers, un Ajusteur exactement du même ordre habite tous les êtres normaux vivant sur Urantia, sauf que, dans le cas de Jésus, son Ajusteur avait été préparé auparavant à cette mission spéciale en habitant similairement Machiventa Melchizédek, un autre suprahumain incarné dans la similitude de la chair mortelle.
Ordinairement, quand la personnalité d’un mortel du royaume atteint d’aussi hauts niveaux de perfection, on voit se produire les phénomènes préliminaires d’élévation spirituelle qui se terminent, en fin de compte, par la fusion définitive de l’âme murie du mortel avec son divin Ajusteur associé. Un tel changement aurait apparemment dû se produire dans l’expérience de la personnalité de Jésus de Nazareth le jour même où il descendit dans le Jourdain avec ses deux frères pour être baptisé par Jean. Cette cérémonie était l’acte final de sa vie purement humaine sur Urantia, et beaucoup d’observateurs suprahumains s’attendaient à être témoins de la fusion de l’Ajusteur avec le mental qu’il habitait, mais ils allaient tous être déçus. Quelque chose de nouveau et d’encore plus grandiose se produisit. Tandis que Jean imposait les mains sur Jésus pour le baptiser, l’Ajusteur intérieur prit définitivement congé de l’âme humaine devenue parfaite de Joshua ben Joseph. Quelques instants plus tard, cette entité divine revint de Divinington en tant qu’Ajusteur Personnalisé et chef de ses semblables dans tout l’univers local de Nébadon. Jésus put ainsi observer son propre esprit divin antérieur redescendant vers lui sous forme personnalisée, et il entendit alors ce même esprit originaire du Paradis prendre la parole et dire : « Celui-ci est mon Fils bienaimé en qui j’ai trouvé mon plaisir. » Jean, ainsi que les deux frères de Jésus, entendirent également ces paroles. Les disciples de Jean, se tenant au bord de l’eau, n’entendirent pas ces mots et ne virent pas non plus l’apparition de l’Ajusteur Personnalisé. Seuls les yeux de Jésus l’aperçurent.
Quand l’Ajusteur Personnalisé, revenu et désormais exalté, eut ainsi parlé, tout fut silence. Et, tandis que les quatre intéressés s’attardaient dans l’eau, Jésus leva les yeux vers l’Ajusteur tout proche et pria : « Mon Père qui règnes dans le ciel, que ton nom soit sanctifié. Que ton règne arrive ! Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Lorsqu’il eut prié, les « cieux furent ouverts » et le Fils de l’Homme vit, présentée par l’Ajusteur désormais personnalisé, l’image de lui-même en tant que Fils de Dieu, tel qu’il était avant de venir sur terre dans la similitude de la chair mortelle, et tel qu’il serait quand sa vie d’incarnation aurait pris fin. Jésus fut seul à apercevoir cette vision céleste.
Ce fut la voix de l’Ajusteur Personnalisé, parlant au nom du Père Universel, que Jean et Jésus entendirent, car l’Ajusteur provient du Père du Paradis et lui est semblable. Pendant tout le reste de la vie terrestre de Jésus, cet Ajusteur Personnalisé fut associé à tous ses travaux ; Jésus resta en communion constante avec cet Ajusteur exalté.
Lors de son baptême, Jésus ne se repentit d’aucune mauvaise action et ne fit nulle confession de péché. Il s’agissait d’un baptême de consécration à l’accomplissement de la volonté du Père céleste. À son baptême, il entendit l’appel indubitable de son Père, l’invitation finale à s’occuper des affaires de son Père, et il partit s’isoler durant quarante jours pour méditer sur ces multiples problèmes. En se retirant ainsi pendant un certain temps de tout contact personnel actif avec ses compagnons terrestres, Jésus, tel qu’il était et vivait sur Urantia, suivait précisément le même processus qui prévaut, sur les mondes morontiels, chaque fois qu’un mortel ascendant fusionne avec la présence intérieure du Père Universel.
Ce jour de baptême marqua la fin de la vie purement humaine de Jésus. Le Fils divin a trouvé son Père, le Père Universel a trouvé son Fils incarné, et ils s’entretiennent l’un avec l’autre.
(Jésus avait près de trente-et-un ans et demi quand il fut baptisé. Bien que Luc dise qu’il fut baptisé dans la quinzième année du règne de Tibère César, ce qui représenterait l’an 29 puisqu’Auguste mourut en l’an 14, il faut se rappeler que Tibère fut coempereur avec Auguste durant deux ans et demi avant la mort de ce dernier. Des monnaies furent frappées en son honneur en octobre de l’an 11. La quinzième année du règne effectif de Tibère fut donc cette année 26, celle du baptême de Jésus. Ce fut également en l’an 26 que Ponce Pilate commença à régner en tant que gouverneur de la Judée.)