La causalité primordiale absolue dans l’infinité est attribuée, par les philosophes de l’univers, au Père Universel opérant en tant que JE SUIS infini, éternel et absolu.
La présentation, à l’intellect des mortels, de cette idée d’un JE SUIS infini comporte beaucoup de risques, parce que ce concept est si éloigné de la compréhension expérientielle humaine qu’il implique de sérieuses déformations des significations et des erreurs de conception sur les valeurs. Quoi qu’il en soit, le concept philosophique du JE SUIS fournit aux êtres finis une base pour essayer d’approcher la compréhension partielle des origines absolues et des destinées infinies. Mais, dans toutes nos tentatives pour élucider la genèse et la maturation de la réalité, précisons que, dans toutes les significations et valeurs se rapportant à la personnalité, ce concept du JE SUIS est synonyme de la Première Personne de la Déité, le Père Universel de toutes les personnalités. Ce postulat du JE SUIS n’est toutefois pas aussi clairement identifiable dans les domaines non déifiés de la réalité universelle.
Le JE SUIS est l’Infini ; le JE SUIS est aussi l’infinité. Du point de vue temporel, séquentiel, toute réalité a son origine dans l’infini JE SUIS, dont l’existence solitaire dans l’éternité infinie du passé doit être le premier postulat philosophique d’une créature finie. Le concept du JE SUIS implique l’infinité non qualifiée, la réalité indifférenciée de tout ce qui serait susceptible d’exister dans la totalité d’une éternité infinie.
En tant que concept existentiel, le JE SUIS n’est ni déifié ni non déifié, ni actuel ni potentiel, ni personnel ni impersonnel, ni statique ni dynamique. Aucune qualification ne peut être appliquée à l’Infini, si ce n’est que l’on peut affirmer que le JE SUIS est. Le postulat philosophique du JE SUIS est un concept universel un peu plus difficile à comprendre que celui de l’Absolu Non Qualifié.
Pour le mental fini, il faut absolument qu’il y ait un commencement. Or, bien que la réalité n’ait jamais eu de vrai commencement, elle manifeste envers l’infinité certaines relations de source. On peut imaginer, à peu près comme suit, la situation d’éternité préréelle, primordiale : À un moment infiniment lointain et hypothétique de l’éternité passée, on peut concevoir que le JE SUIS était à la fois chose et non-chose, à la fois cause et effet, à la fois volition et réaction. À ce moment hypothétique de l’éternité, l’infinité ne présente nulle part de différenciation. L’infinité est remplie par l’Infini ; l’Infini englobe l’infinité. C’est le moment statique hypothétique de l’éternité ; les actuels sont encore inclus dans leurs potentiels, et les potentiels ne sont pas encore apparus dans l’infinité du JE SUIS. Toutefois, même dans cette situation hypothétique, il nous faut admettre que la possibilité de volonté autonome existe.
Rappelez-vous toujours que la compréhension du Père Universel par l’homme est une expérience personnelle. Dieu, en tant que votre Père spirituel, est compréhensible par vous et par tous les autres mortels, votre concept cultuel expérientiel du Père Universel doit toujours être moindre que votre postulat philosophique de l’infinité de la Source-Centre Première, le JE SUIS. Quand nous parlons du Père, nous voulons dire Dieu tel qu’il est susceptible d’être compris par ses créatures humbles ou élevées, mais une fraction bien plus grande de la Déité est incompréhensible aux créatures de l’univers. Dieu, votre Père et mon Père, est cette phase de l’Infini que nous percevons dans notre personnalité comme une réalité expérientielle actuelle, mais le JE SUIS subsiste toujours comme notre hypothèse de tout ce que nous sentons inconnaissable dans la Source-Centre Première. Cette hypothèse elle-même reste probablement très en deçà de l’infinité insondée de la réalité originelle.
L’univers des univers, avec les innombrables légions de personnalités qui l’habitent, est un organisme immense et complexe, mais la Source-Centre Première est infiniment plus complexe que les univers et personnalités qui sont devenus réels en réponse à ses décisions volontaires. Quand vous contemplez, avec une crainte respectueuse, l’immensité du maitre univers, arrêtez-vous pour songer que même cette création inconcevable ne peut rien être de plus qu’une révélation partielle de l’Infini.
L’infinité est assurément très éloignée du niveau d’expérience de la compréhension des mortels, mais, même au cours du présent âge sur Urantia, vos concepts de l’infinité grandissent et continueront à grandir durant vos carrières sans fin qui s’échelonneront dans l’éternel futur. L’infinité non qualifiée n’a pas de sens pour les créatures finies, mais l’infinité est capable d’autolimitation et elle est susceptible d’exprimer la réalité à tous les niveaux d’existence universelle. La face que l’Infini tourne vers toutes les personnalités de l’univers est le visage d’un Père, le Père Universel d’amour.